La Fille du Juge

 

Un film de William Karel

 

D’après La Mort d’un Silence, de Clémence Boulouque

 

Avec Clémence Boulouque et la voix d’Elsa Zylberstein

 

Ce documentaire de William Karel (réalisateur notamment du Monde selon Bush) est inspiré du roman La Mort d’un Silence, de Clémence Boulouque, fille du juge anti-terroriste Gilles Boulouque, mort en 1990.

 

Le juge Boulouque fut chargé d’enquêter sur les attentats parisiens de 1985 et 1986, qui firent plusieurs morts et de nombreux blessés. Des attentats attribués à des terroristes moyen-orientaux. Menant son enquête malgré les difficultés qu’il rencontre, notamment au niveau de sa sécurité et de celle de sa famille, le juge, loyal et intègre, il fut pourtant soumis à d’énormes pressions et surtout un battage médiatique suite à l’interrogatoire mené envers un diplomate iranien soupçonné de complicité dans les attentats, qui fut interrogé avant de partir pour l’Iran libre. Monnaie d’échange avec les otages français au Liban ? Manipulation politique de l’Elysée ?

 

Les doutes jetés sur le juge Boulouque le déstabilisèrent grandement et il s’enfonça doucement dans la dépression jusqu’à ce 13 décembre 1990 où il se donna la mort.

 

Le documentaire retrace l’enfance de Clémence Boulouque, la fille du juge, et les conséquences du métier de son père sur sa propre vie, la présence des gardes du corps, la menace qui pèse sur elle et sa famille, l’absence de son père absorbé par son travail, ses dossiers. Une fille devenue orpheline à 13 ans, abandonnée, avec le besoin de faire vivre ce père qu’elle n’a que si peu connu.

 

William Karel reconstitue avec minutie le destin de cette famille rattrapée par l’actualité et le travail du juge anti-terroriste, avec une abondance de photos, de vidéos familiales et d’images d’archives. Il filme également Clémence, à New York, où elle a trouvé refuge mais fut elle aussi rattrapée par le terrorisme le 11 septembre 2001.

 

Accompagné de la voix d’Elsa Zylberstein, douce et grave, ce documentaire nous apprend beaucoup sur le destin tragique d’un homme qui oeuvrait pour le bien des autres.

 

Moins politique que Le Monde selon Bush, William Karel réussit une œuvre intime et touchante. Pas à la portée de tous, mais ceux qui s’intéressent à l’Histoire apprécieront.

 

Arnaud Meunier

08/01/2006